Lors de la viste d’Etat du président Rwandais Paul Kagamé au Bénin, Patrice Talon et son invité ont envisagé un déploiement militaire dans le cadre de la lutte antiterroriste au Bénin. Toute chose qui n’est pas du goût du politologue Richard Boni Ouorou. Ce dernier a donc réagi dans une publication, pour exprimer son désaccord.
Ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration
Terrien,ne,s Bonjour.
Je pense que l’heure devient de plus en grave pour notre pays à la veille du départ du Président Talon.
Il va s’en dire, que Monsieur Patrice Talon n’a plus de limites dans l’exagération et dans la prise de décision unilatérale dans un pays où il existe une représentation nationale, même si la majorité de ceux qui la composent est aux ordres et ne s’en cache pas. Le peuple vient d’élire un certain nombre de députés qui ont l’obligation maintenant d’agir et en conséquence afin d’avoir l’onction du peuple pour des actions d’envergure.
Déjà, il faut rappeler que nommer à la tête de l’agence qui collecte les données personnelles des Béninois sans au préalable se soumettre à certaines obligations législatives est une faiblesse inacceptable que je pensais que nos députés relèveraient très vite et feraient des propositions de loi pour encadrer toutes nominations à certains postes cruciaux dans notre pays.
Une loi pour encadrer ces nominations prendrait en compte par exemple le nombre d’années sur le territoire et/ou au minimum être citoyen Béninois sans forcément être d’origine et ainsi de suite.
Mais pire encore, c’est que M. Patrice Talon pense que notre armée est si nulle qu’il faut une armée impliquée dans des actes de guérilla ailleurs pour défendre notre territoire. Mais vers où nous conduit le Président Talon ?
Des militaires rwandais contre les terroristes ou pour terroriser nos populations ?
Comment peut-on comprendre que le Président -de la République- puisse évoquer un tel projet à la face du monde sans un minimum de précautions institutionnelles ? Où est notre souveraineté ?
Le Bénin n’est pas le premier pays attaqué par les djihadistes, et dans les pays où sévit le terrorisme, les spécialistes sont formels sur au moins une cause capitale : la défaillance de l’Etat dans ses zones ou l’absence affirmée de l’Etat.
A cela, il faut ajouter les politiques injustes et iniques qui appauvrissent les populations et qui leur font croire qu’ils ne peuvent plus rien espérer des gouvernants, et donc il faut facilement se jeter dans les bras des extrémistes.
Faire appel à des militaires rwandais pour régler un problème dont on contribue à l’émergence est un acte de pompier pyromane. Je constate avec amertume que le ministre de l’Agriculture est toujours en poste alors que c’est lui qui est allé annoncer aux agriculteurs qu’ils seront fortement taxés sur le Soja parce qu’ils refuseraient de faire du coton au marché monopolisé par vos soins.
Monsieur le Président, le Bénin que vous vous préparez à laisser sera ingouvernable avec un peuple divisé, les uns montés contre les autres et cela ne vous protège pas et ne protègera non plus ce que vous auriez laissé comme acquis. Il est de votre devoir moral d’y penser.
Songer à faire appel à des Rwandais pour intégrer notre armée d’abord une insulte à l’histoire de notre armée qui a réussi par le passé à chasser les jambes au cou des mercenaires lourdement armés.
Si l’ambition de faire intervenir des forces militaires étrangères n’est pas encadrée par une loi discutée dans tout le pays pour en comprendre la moralité sous-jacente avant que les élus ne lui donnent une forme régulière conformément à la constitution, alors, vous auriez réussi à vassaliser totalement notre pays.
J’en appelle à la responsabilité de l’Assemblée nationale, à celle des Béninoises et Béninois, où qu’ils soient et quel qu’en soit le poste qu’ils occupent, au Bénin ou à l’extérieur. Votre silence peut être considéré comme caution à la dérive qui se joue sous nos yeux.
Dieu protège et Bénisse notre pays !
Issa Boni Richard Ouorou