Depuis quelques années, le football béninois a pris une autre tournure. Dans sa quête de professionnalisation plusieurs démarches ont été menées. Ainsi, quant à l’atteinte des objectifs fixés, plusieurs domaines ont été ciblés pour être le vivier des talents. Juste à côté de cette politique, il est souvent préférable de doter les clubs et les académies du football, d’un préparateur psychologique. Son rôle n’est pas négligeable car, il est souvent cette lumière projetée dans un environnement sombre. Un entretien réalisé avec Espero Yélian Ahouignan, préparateur psychologique de Ayema, un club de première division au Bénin a permis de comprendre l’importance de ce poste dans les clubs pour espérer de bonnes performances.
Vous êtes préparateur psychologique, mais avant tout un ancien footballeur. Faites-nous une analyse brève sur l’image actuelle du football béninois.
PS: Le football au Bénin est en pleine ascension de nos jours. Contrairement aux années précédentes, on peut faire beaucoup de constats et ceux-ci, dans le sens positif. C’est une bonne œuvre, même si la gestion n’est pas encore ce qu’on espère, il y a de quoi s’attendre pour l’avenir.
En terme de changement, pouvons-nous connaître ce que vous pensez de tout cela?
PS: L’accompagnement des acteurs politiques est la preuve claire, que le pouvoir public espère un résultat de ce que nous faisons sur les différentes pelouses à chaque journée de championnat. Aussi, vous pouvez observer les départs et les arrivées dans les clubs en fin de championnat.
Peut-on vivre du football aujourd’hui au Bénin ?
Absolument oui ! Si certains clubs du Bénin arrivent à payer un joueur jusqu’à quatre cents mille, pourquoi ne pas vivre du football? Les clubs comme Coton FC et Loto-Popo, gardent les joueurs à l’interne toute une saison. C’est un exploit. On vit aujourd’hui du football au Bénin. Il faut juste faire des pas sûrs et ne pas briser les étapes.
Un préparateur psychologique en football, pour quelle fin ?
Si vous avez à faire à des humains, après le coaching comme vous le savez tous, la connaissance psychologique de chaque joueur est importante. Un souci avec sa femme à la maison peut avoir son inconvénient sur la performance d’un joueur. La pression d’un coach peut également impacter négativement les athlètes. Alors, il faut se rapprocher de ceux-là, les écouter personnellement et les aider à trouver de solution. La préparation psychologique c’est la guérison d’un mal non perçu par le public. Elle aide d’abord les coachs et aussi les joueurs. Les joueurs ne sont pas une chaire sans scrupule. C’est le travail psychologique qui fait sortir la grandeur d’un joueur.
Dites-nous, ce que la préparation psychologique apporte au football béninois ?
Vous savez le hasard n’existe pas. Qu’est-ce qui a été dit à Rodriguo en demi-finale face à Man City?, Qu’est-ce qui se dit à Lamine au Barça ? Qu’est-ce qui se dit à M’bappé, malgré la tempête pour que son retour au PSG, soit aussi décisif ? C’est le mental tout simplement. Il faut reconnaître ce qu’on est, prendre conscience de son talent intrinsèque et c’est à ça je m’adonne à Ayena FC, avec mes joueurs. Le résultat, c’est la progression et l’adaptation rapide et surtout avec des performances remarquables des joueurs tels Rachidi Moumouni, Junior Olaitan, Tessilimi Olatoundji. Ma mission, c’est de les préparer à affronter l’épreuve et de réussir.
Alors, vous proposez quoi pour l’avenir ?
Primo, nous avons un championnat, quoiqu’on dise est homologué par la FIFA et la CAF, alors l’élimination n’incombe pas à l’instance dirigeante. Nous jouons, c’est l’essentiel.
Secondo, il faut juste que chacun puisse travailler dans son domaine. La fédération a organisé le championnat, malheureusement, mes joueurs du championnat, ne disposent jamais de temps personnel d’entraînement. Mieux, sur 100 joueurs du championnat, aucun, je dis bien aucun ne dispose de ballons personnellement. C’est un crime contre leur carrière professionnelle. Je me refuse d’être l’oiseau de mauvaise augure, mais nos joueurs aujourd’hui sont à 90% limité et n’ont pas de chance pour une bonne aventure européenne.
Tertio, ils refusent volontairement la concurrence. Un exemple pour illustrer mes propos. Le joueur béninois, n’est pas endurant, persévérant et honnête comme l’est le Nigérian ou le Ghanéen. Je crois qu’il nous faut changer totalement de mentalité.